22/11/2011

› Danielle Mitterrand > UN WEEK-END A VILLERÉAL

3 juin 1978, sur le perron de la mairie de Villeréal.| © Jean‐Paul Epinette ‐ iCimedia|Jean-Paul Epinette

La mort, ce 22 novembre, de Danielle Mitterrand renvoie une génération de Villeréalais à une page de leur histoire. Le 3 juin 1978, la municipalité de Guy Berny célébrait le jumelage de la bastide avec Château-Chinon, la cité dont le maire n'était autre que François Mitterrand...



Nul n'imaginait à l'époque que l'homme dont ils écoutaient l'allocution sur le perron de la mairie, serait trois ans plus tard élu à la présidence de la République.

C'est d'ailleurs plus une image festive et familiale qui demeure dans la mémoire des gens d'ici qu'une image officielle et politique. La délégation de la Nièvre était venue en nombre et la chaleur des réjouissances laissa longtemps des échos dans les cœurs.

Ce qui marqua aussi les esprits c'est la photo de famille que François mitterrand offrit au public. Danielle était à ses côtés ainsi que leur fils Gilbert. Peu de gens à l'époque savaient qui était Danielle Mitterrand, née Gouze le 29 octobre 1924 à Verdun.

Fille d'enseignants, elle avait appris très tôt ce que le mot engagement veut dire. Sa mère institutrice et son père, directeur de collège, avaient été révoqués par le gouvernement de Vichy parce qu'ils avaient refusé de recenser élèves et professeurs juifs.

En 1941, à peine âgée de 17 ans, la jeune fille s'était engagée dans la Résistance. Cet esprit de résistance, elle devait le conserver même une fois son mari élu président. La première dame de France n'était pas attirée par les ors de la république : « Je ne suis pas une potiche » avait-elle averti.

Elle était une femme libre qui disait ce qu'elle avait à dire quand elle le jugeait judicieux de le faire. Elle voulait rester ce qu'elle était. Une conscience fidèle à ses engagements, notamment tiers-mondistes, même quand ils ont pu susciter des interrogations, à juste titre, comme ses sympathies cubaines.

Gilbert, François, Danielle et les Villeréalais : une photo de famille.| © Jean‐Paul Epinette ‐ iCimediaMais c'est elle aussi qui en 1989, lors de l'affaire du foulard, n'avait pas hésité à prendre les siens à rebours en déclarant : « Si aujourd'hui deux cents ans après la Révolution, la laïcité ne pouvait accueillir toutes les religions, toutes les expressions en France, c'est qu'il y aurait un recul.»

Elle encore qui, lors du référendum sur le projet de constitution européenne, en 2005, s'était opposée à une partie de sa famille en prenant officiellement position pour le « non »...

Une stature qui lui valut aussi l'estime d'une majorité de Français lorsque fut révélée la double vie de François, son mari...


 

 

 

 

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